Amis de Saint-Martin d'Ainay  
JEAN-ANDRE MAGNIN  à  SAINT-MARTIN d'AINAY
Un rare témoignage de la peinture religieuse lyonnaise du début du XIXè siècle
page rédigée à l'aide de documents communiqués par le Pôle Développement-Patrimoine, Direction des Affaires Culturelles,Ville de Lyon


















A Saint-Martin d’Ainay en 1819, deux arcatures aveugles s’ouvrent symboliquement sur un  passé bénédictin de mille ans

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 Les circonstances de la commande de  deux  tableaux pour l’absidiole de Saint-Benoît de l'église Saint-Martin d'Ainay sont décrites dans le compte-rendu du Conseil de Fabrique de St-Martin d'Ainay en date du 19 avril 1819:"Nous Soussignés Curé et fabriciens de l'Eglise d'Ainay voulant seconder l'intention que nous a manifestée Don Clapisson prêtre de cette ville, ancien prieur de l'ordre de St Benoît, de dédier la chapelle située entre le Maître Autel de cette paroisse et celui de St Michel  à l'honneur de St Benoît dont la règle a été suivie pendant plus de Mille ans dans la dite église, en y célébrant la messe annuellement le jour de sa fête chaque vingt et un mars et onze juillet, celle de St Maur le quinze janvier et celle de Ste Scholastique le dix février, accordons au dit Monsieur Clapisson la faculté de faire décorer à ses frais la dite chapelle de manière à augmenter la piété des fidèles de cette paroisse, déclarons que la fabrique ne pourra être ni recherchée ni inquiétée pour toute décoration qu'y  aura ordonnée le sieur Clapisson...    Regnier Curé,    Robin d'Orlienas,   Claviere »Ainsi le Bénédictin fait placer dans les arcatures aveugles de l’absidiole gauche, de part et d'autre de la verrière centrale, deux tableaux commandés à Jean-André Magnin.Montage photographique  approximatif  réalisé avec les reproductions des tableaux de J.A. MAGNIN

Œuvres classées le 18 juillet 2006 et restaurées au printemps 2008

 Jean André MAGNIN est né à Lyon en 1794, avait été élève (entre 1810 et 1813) de Pierre Révoil (premier directeur de l’école des Beaux Arts de Lyon), puis de Guérin à Paris (en compagnie du lyonnais Victor Orsel).  Avant la commande d’Ainay (en 1819-1820), il avait peint une œuvre pour Saint Louis de la Guillotière (actuellement au Musée de la Fondation de Fourvière). Il a exposé au salon de 1822 «Jonas sauvé de la mort par Josabeth et sa nourrice » actuellement au Musée des Beaux de Lyon.

 Pour St Martin d’Ainay, il représente St Benoît donnant sa règle aux moines de St-Martin d’Ainay conduits par St Maur devant le Mont Cassin. Ce tableau est destiné à l'arcature Nord.


 

                                            Sainte Scholastique en extase

 La représentation de la Sainte a été inspirée d’une œuvre anonyme du XVII° siècle (« Apparition de la Vierge à l’enfant, à St Benoît et à Ste Scholastique ») exposée au Musée des Beaux-Arts de Lyon depuis 1803 (attribuée à cette époque à Jacques Stella) et exposée depuis 1953 dans le bas côté nord de la cathédrale St Jean.  Il est à noter que la décoration des pierres roses en losange des arcades peintes dans le fond du tableau reprend le décor de la façade de l’église de St Martin d’AinayDe plus, la direction de la lumière artificielle choisie par l’artiste correspond à la lumière naturelle provenant du vitrail du centre de l’absidiole. Enfin  les chapiteaux surmontant les pilastres de cette absidiole sont dorés (rappel de la dorure des cadres) à la différence des chapiteaux de l’absidiole sud Saint Badulphe.

                 Après la réalisation des tableaux d’Ainay, Jean André Magnin exposera au salon de 1822 «Jonas sauvé de la mort par Josabeth et sa nourrice » actuellement au Musée des Beaux Arts de Lyon.  

    En 1824, Magnin partira à Rome avec Victor Orsel pour préparer une commande de la Ville de Lyon « Fondation en 1531 de l’hôpital de la Charité de Lyon », mais il mourra en route à Bologne le 1er juin 1824.  Ces deux œuvres redécouvertes à Ainay anticipent sur le style spiritualiste, symboliste et mystique qui sera spécialement illustré à Lyon, en particulier par Orsel, Janmot, Frénet etc.. (Peintres qui seront redécouverts au XX siècle sous le nom de peintres de l’âme). Ces peintres aimaient venir à Saint-Martin d’Ainay pour s’y plonger dans l’âme moyenâgeuse de Lyon. 

 Les deux tableaux sont mentionnés dans la chapelle St-Benoit dans un inventaire daté de 1844.  Ultérieurement on perd leur trace :  probablement à cause du chantier d'Hyppolite Flandrin en 1854-1855, ils sont déposés et oubliés dans les réserves, le curé Boué ayant vraisemblablement estimé qu'il n'était pas possible de faire cohabiter deux représentations du même thème dans des styles différents, d'autant que l’autel de J.H. Fabish (1852) a aussi pour thème  St Benoît donnant sa règle aux moines de St Martin d’Ainay et la mosaïque de pavement de la même époque mentionne que les moines d’Ainay sont des disciples de St-Benoît.

 reférences : Les peintres de l’âme, art lyonnais du XIXe siècle,  catalogue d’une exposition, Musée des Beaux-Arts de Lyon, 1981

- Les tableaux ont été redécouverts en 2003 dans les locaux annexes de l’église par la CAOA et le service Patrimoine, lors d’une visite avant les travaux de restauration des façades de l’église. La Commission Départementale des Objets Mobiliers du 22 juin 2005 estimant ces peintures comme un rare témoignage de la peinture lyonnaise du début du XIXème siècle les inscrivit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques et demanda un classement qui fut accordé le 18 juillet 2006. Les restaurations des toiles ont été confiées à l’atelier d’Aloys de Becdelièvre et les cadres à l’atelier de Philippe Boulet. Cette intervention commandée par la Ville a couté 8.670€ TTC. Une subvention de la DRAC de 2.900€ et une participation de 1.500€ de l’Association des Amis de Saint Martin d’Ainay  a permis de compléter le budget. Les œuvres ainsi protégées administrativement par les Monuments Historiques et restaurées seront prochainement réinstallées dans l’église St Martin d’Ainay. Nous avons appris récemment que la famille Clapisson habitait la presqu'ile au début du XIXe siècle et que Don Clapisson avait été prieur d'une abbaye bénédictine avant la révolution.

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